Les jours se succèdent et ne se ressemblent pas ! En ces belles journées d'automne, je profite d'un moment de relatif répis professionnel pour tenter d'étancher ma soif insatiable de montagne et de nature sauvage. Il semble que ce soit peine perdue... Chaque sortie vers les hauteurs amène son lot d'émotions et d'émerveillement et me pousse à en vouloir toujours plus.
Et aujourd'hui, encore un peu plus encore que d'habitude, car, à la beauté des éléments naturels, s'est mêlée celle de la nature humaine. Une nature humaine à l'état brut, simple... comme j'aime. Récit :
Le temps est menaçant ce matin au réveil (réveil difficile d'ailleurs) mais qu'importe ! J'ai rendez-vous avec mon amie Lydie pour une virée dans les montagnes et ça, ça efface tous les nuages ! Notre projet du jour : grimper au col du Tricot au pied du glacier de Bionnassay et redescendre au point de départ par Miage, un petit hameau d'alpage niché au fond d'une vallée perdue et dominée par le glacier de Miage.
Nous montons d'un pas vif (c'est qu'elle avance la collègue!), émerveillées par les couleurs qui nous entourent : l'herbe dorée contrastant avec le vert des épineux et le gris / blanc des glaciers et des parois rocheuses du Mont Blanc.
Impossible de ne pas s'arrêter pour observer, écouter. Un cerf nous fait même l'honneur de son brame à notre passage. Petits passages d'échelles et le col nous attend. Le vent fort et les nuages noirs donnent à cet instant, une ambiance à la fois menaçante et attirante.
Il est temps d'entamer la descente vers Miage au pas de course. Nous arrivons au hameau et les premières gouttes nous balayent le visage... Comme tombé du ciel, nous découvrons un récent abri posé là, comme s'il était fait juste pour nous !
De quoi prendre le temps de se restaurer du bon beaufort embarqué dans le sac ! C'est justement ici que nous faisons la rencontre d'un montagnard du coin, descendant de nulle part, dans sa tenue de camouflage. Nous voyant là (avec nos têtes sympas), il nous invite en toute simplicité à boire le café chez lui, dans son petit chalet d'alpage. Loin de nous faire prier, nous acceptons l'invitation et y découvrons un abri chaleureux et authentique. Le café auprès du poêle s'éternise ... agrémenté d'une belle part de gateau et d'un verre de Chamousset (en patois) dont la recette restera secrète... Lydie comprendra pourquoi !
Nous sommes si bien, comme si le temps s'était arrêté... René (c'est son prénom), en faisant chauffer son café au bain marie comme la tradition locale le veut, nous raconte la vie aux alpages, nous explique qu'ici avec sa vieille maman, jusqu'à il y a peu, il faisait de la tomme, élevait des cochons, fabriquait le beurre. Ces histoires qui vous font briller les yeux et qui vous font rêver de ce temps où l'homme avait la vie dure mais évoluait simplement avec son milieu...
Nous prenons congé de notre hôte à regrets mais le coeur plein d'émotion, et plus riches de ces choses qui ne s'achètent pas et qui ont pourtant une valeur inestimable... Une chose est sûre : rendez-vous est pris pour lui livrer le bon miel de Lydie avant les premières neiges !