De retour de Munich, Francky nous a concocté un petit récit de ses Championnats à lui...
Les courses vues de la pointe du bateau : On s'y croirait!
Récit :
" Salut caro,
je profite de de cet après-championnats du Monde pour te donner mes impressions à froid.
Tout d’ abord, cette semaine a été très stressante puisque notre qualification pour les JO en dépendait. Nous avons donc abordé toutes les courses comme étant très importantes puisqu'il fallait avant tout marquer les esprits et nous montrer à nous-même que nous étions au top.
La première course, quoique très dur physiquement (puisque c’était notre première course), fut très bien négociée face aux américains. Elle nous a permis d’avoir confiance en notre départ puisque nous avions réalisés le meilleur premier 500, toutes courses confondues (LM4-).
Le mercredi nous nous sommes donc alignés pour les ¼ de finales face au podium d’Eton, c'est-à-dire Chine et Irlande. Cette course m’a particulièrement stressée puisque la moindre faute (fausse pelle, casse matérielle,…)pouvait se solder par un échec pour la qualif (et donc foutre la saison en l’air), et parce que nous avions à cœur de prendre notre revanche sur ces chinois qui nous avaient dominés sur ce début de saison. La course en elle-même fut très bien gérée puisque nous avons mis plus d’une longueur aux chinois dès les premiers 500m. Du coup nous avons pu gérer notre avance en contrant leurs attaques et en faisant la course en fonction d’eux.
Le vendredi la demi-finale arrivait mais la pression était déjà moins forte puisqu’il n’y avait plus qu’un bateau à sortir (11/12 dans les quotas olympiques). Nous avons donc cherché à battre ces canadiens qui s’étaient imposés face aux anglais deux jours avant. J’étais persuadé que nous avions une demi-finale plus « facile » mais je me trompais puisque les danois et les canadiens nous ont inquiétés durant 1000m et c’est seulement après une grosse relance à la mi-parcours que les canadiens se sont laissés décrocher jusqu’au 1500m. Mais comme les danois leur mettaient la pression, ces deux bateaux nous sont remontés dessus et il nous a fallu réaliser un gros enlevage pour les tenir à distance.
La finale a pour moi été la moins stressante des courses puisque la pression de la qualification n’était plus là. Je l’ai donc abordée comme une grosse course à devoir réaliser, une course à fond du premier au dernier coup sans rien calculer.
Nous étions bien entourés, les anglais à notre droite (dont nous savions qu’ils réalisaient un très bon 1er et 3ème 500 mais qui laissaient espérer une faille dans leur enlevage. Notre objectif était de rester à leur contact jusqu’à l’entrée du dernier 500m pour pouvoir les passer sur l’enlevage. Nous savions que si nous étions proche des anglais nous ne serions pas loin d’être premiers.) et les italiens à notre droite qui avaient réalisés le même profil de course que nous sur les 1000 premier mètres (nous avions donc pour objectif d’être en avance par rapport à eux.)
Les six bateaux sont donc alignés sur l’avant et le starter annonce les équipes... « CHINA….ITALY....FRANCE....GREAT BRITAIN ….CANADA….DANEMARK….ATTENTION… » Là-dessus la lumière passe au rouge, la concentration et la rage sont maximales,…,la lumière passe au vert et le bip retenti, le « starting system » plonge dans l’eau et c’est parti pour 2000m de bagarre !!
Nous faisons notre départ et JC lance notre traditionnelle série de 30 coups….j’entend le bateau italien qui rame à une vitesse plus importante que la nôtre mais je ne m’inquiète pas et essaie de forcer à 120% de mes posibilités pour passer devant tout le monde…
La série finie, je jette un bref regard à gauche puis à droite, tous les bateaux sont alignés !!! A environ 1minute de course une grosse rafale de vent contre me rappelle qu’il faut que je me relâche et que je rame bien long pour faire la différence alors je me mets la pression dessus en me disant que les autres bateaux vont finir par se durcir.
Nous passons les 500m aux côtés des anglais mais les italiens commencent leur effort et accentuent leur avance. Au 850m environ JC lance la série de 30 coups afin de recoller aux italiens et chinois qui commencent à partir. Cette série fut la plus dure puisque le vent soufflait vraiment fort et m’a donné l’impression de scotcher le bateau sur place… Mais après les 30 coups, un coup d’œil à ma gauche me renseigna … à ma grande surprise les anglais étaient bord à bord avec nous et les canadiens qui étaient en avance sur nous, se retrouvaient derrière nous.
Cela me motiva pour continuer après la série dans le même sens jusqu’au 500m. Une fois au 500m je me suis mis à sentir mes muscles qui étaient vraiment à bout… La fin allait être vraiment longue et difficile ! Là-dessus JC lança l’enlevage. Nous sommes partis comme si la fin était 15 coups plus loin et là, j’ai revu les chinois, qui étaient auparavant loin devant nous, seulement à une pointe. Les anglais nous ayant mis ¾ de longueur et les italiens 1 longueur, je ne pensais à ce moment là qu’à passer les chinois pour accéder au podium….mais les bouées blanches sont arrivées très vite et à ce moment là j’ai senti la cadence s’emballer et je la seule chose à quoi je pensais … c’est tenir, et réussir à tourner ma pelle, à être ensemble,…et Miracle ! La pointe des italiens arrive à ma hauteur à 10 coups de la ligne, alors nous avons tout donné pour ne rien regretter,…la suite vous la connaissez nous avons fait deuxièmes, juste derrière les anglais et juste devant les italiens (6 centièmes).
Je crois que de toutes les courses que j’ai eu la chance de faire en aviron, celle là a été la plus dure physiquement et psychologiquement, et c’est une énorme satisfaction que d’être parvenu à accéder au podium malgré la densité et la montée du niveau de cette discipline.
Une fois rentré à la maison, j’ai pu revoir la course et j’ai été agréablement surpris de voir que, même si les italiens et les chinois sont partis en sur-régime, nous avons su faire notre course et rester tout le temps en contact avec les anglais qui ont été très costauds cette année.
Nous avons fais la course parfaite en soi puisque, sur tout ce que les anglais avaient montrés cette année, nous étions plus fort qu’eux à l’enlevage et, donc, être à côté d’eux à l’entrée du 1500 signifiait pouvoir les battre….seulement ils nous ont surpris puisqu’ils ont contré notre enlevage en s’octroyant de surcrois le meilleur dernier 500m. C’est ce qui me fait dire qu’ils ont été les plus forts sur ces Championnats du Monde. Mais la prochaine fois on le saura et on fera en sorte d’être coûte que coûte devant eux avant le 1500m.
Je suis vraiment satisfait de notre course puisque malgré le bassin difficile, nous sommes parvenus à nous en sortir et à aller attaquer les bateaux qui étaient partis de devant. Nous nous sommes transcendés par rapport à la 1/2 finale en augmentant les écarts avec nos poursuivants et en nous faisant peur aux premiers.
Voilà un bilan qui est donc plus que positif et qui nous laisse augurer de bonnes choses pour l’année prochaine en Chine. Une année de travail va commencer afin de se perfectionner et de gagner cette seconde qui nous permettra d’être les meilleurs
Grosse motivation donc !
PS : Seul tâche noire : le fait que nous allons une fois de plus être séparés entre secteurs (couple et pointe) cette saison, ce qui laisse présager un stage terminal en solitaire à Bellecin puisque pour l’instant seulement 10 pointus sont sélectionnés pour les JO contre 9 en couple….vive les stages chacun dans son coin !!