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27 février 2007 2 27 /02 /février /2007 22:04

Mais qui sont ces fous de l’effort?

Il y a celui pour qui courir une heure seulement ne vaut pas la peine. Il y a aussi ceux qui se lancent des défis sportifs comme d’autres passent des masters professionnels (parfois on fait même les deux...), et ceux qui courent pour mieux se trouver.

En surfant sur le web, je suis tombée par hasard sur une poignée de récits qui ont suscité mon intérêt, et à travers lesquels je me suis trouvée quelques similitudes

Rencontre avec quelques-uns de ces fous de l’effort..

Albin Currat (Semsales), 55 ans.
«Je suis devenu sauvage»

Albin Currat aime bien passer pour un fou. En 2005, il a bouclé le Tour du Mont-Blanc en 34 heures, après deux nuits et une journée de course à pied dans les Alpes. «C’était peut-être ma crise de la cinquantaine», raconte celui qui a joué au foot jusqu’à l’âge de 47 ans.
Le Tour du Mont-Blanc – The North face ultra trail – c’est 158 km pour 8500 mètres de dénivelé à réaliser en une seule étape. «L’idée est de voir ce que l’on supporte, jusqu’où on peut aller, explique le Veveysan. Ma voisine, Patricia Vuichard, est médecin aux soins palliatifs de Châtel-St-Denis. Elle m’a proposé de ne pas courir pour rien, mais de le faire pour ceux qui sont malades. Contrairement à eux, notre souffrance en course ne représente pas grand-chose, c’est normal d’aller au bout.»
Dans le massif du Mont-Blanc, Albin Currat a pourtant connu des moments difficiles. «Avant de partir, j’ai mangé du fromage, ce que je n’aurais jamais dû faire. La première nuit, je me suis complètement vidé. C’est
allé mieux par la suite, mais j’ai à nouveau énormément souffert dans les dix derniers kilomètres.»
Le Veveysan a retrouvé le moral sitôt la ligne d’arrivée franchie. «J’étais content d’avoir fini et de pouvoir déguster une bonne petite bière. Sur le moment, je me suis quand même dit que je ne me lancerais plus dans un truc pareil. Maintenant, je commence à changer d’avis.»
L’homme a pris goût à l’effort longue durée. Travaillant à la poste de Bulle, il rentre souvent à pied chez lui, en passant par le Niremont. Il s’est aussi mis au ski de randonnée. «Beaucoup ne comprennent pas pourquoi je fais ça. Je passe un peu pour un forçat. Mais si on est bien préparé, on ne souffre pas tellement. Mon nouveau hobby m’a changé, je suis plus individualiste et sauvage. Le sport est devenu comme une drogue. Mais j’adore ça!»

Nicolas Dubey (Neyruz), 38 ans.
«Moins dans le rouge»
C’est en s’entraînant pour le Défi des entreprises, compétition d’un week-end regroupant plusieurs disciplines, que Nicolas Dubey a pris goût aux épreuves multisports style raids aventures (course à pied, VTT, canoës ou roller, atelier de cordes). Il a participé aux épreuves de Gstaad et du Jura.
Outre le fait de se faire du bien par la pratique sportive, c’est l’ambiance décontractée qui a plu à cet ingénieur de formation. «Au départ, même la paire Begin/Berger, championne du monde de la spécialité, discute et rigole. Contrairement à ce que l’on peut voir lors de certaines compétitions, personne ne se bouscule.»
Nicolas Dubey ne se dit pas exténué par les sept ou huit heures d’effort réalisées durant ces raids. «En fait, il s’agit de gérer sa course. Et puis, cela se pratique à deux, l’esprit d’équipe compte beaucoup. Quand l’un est mal, c’est à l’autre de le tirer en avant et les rôles changent au fil de la journée. J’ai terminé de simples courses à pied en étant bien plus fatigué, car je m’étais mis dans le rouge toute la durée.»
Pour ce genre de manifestation, l’un des publics cibles se compose d’adultes, ayant plutôt bien réussi professionnellement, à la recherche de nouveaux défis. «Cette image me correspond assez bien. C’est intéressant de progresser, d’apprendre de nouvelles disciplines. Certains collègues passent des masters professionnels, moi, je me lance dans le roller et le VTT.»

Fabien Juan (Chézard-St-Martin), 26 ans.
«J’aime souffrir»
Le Neuchâtelois a participé au raid le plus haut du monde, La Boliviana, compétition de douze jours mélangeant course à pied, VTT, course d’orientation et atelier de cordes à une altitude allant de 3800 m à 5300 m. «La souffrance physique est surtout due à l’altitude, car dès que ça monte, on est essoufflé. Mais les paysages sont tellement grandioses, les gens tellement sympas que l’on oublie la douleur. J’ai apprécié aussi le côté humanitaire. Chaque soir, les participants distribuaient du matériel aux villageois qui nous accueillaient.»
Pour ce collaborateur dans un département comptabilité et finances, les motivations étaient multiples. «C’est l’occasion de découvrir un pays différemment, de traverser des endroits où je ne serais jamais allé. Finalement, j’aime bien souffrir. Ça rend les images encore plus belles.»
Depuis, le Neuchâtelois, président de l’Association Neuchaventure, a mis sur pied un raid dans sa région. Le Jura Raid Aventure a eu lieu pour la première fois en juin dernier, attirant 55 équipes de deux. «En France, il existe près de 500 raids par année, c’est énorme comparé aux quatre compétitions du genre disputées en Suisse.»
Faut-il être un peu masochiste pour se lancer dans de telles aventures? «Un peu, sûrement. Mais les gens ne sont pas vraiment là dans une envie de compétition et de résultats. Et le côté multisports est très agréable.»
Pour le Neuchâtelois aussi, ces disciplines s’adressent à un public plutôt aisé financièrement. «Un raid comme La Boliviana demande des moyens matériels et financiers (1000 euros pour l’inscription, ce à quoi il faut ajouter le vol). Ceux que j’ai pu rencontrer, la plupart âgés d’une trentaine d’années, n’étaient pas à plaindre de ce côté-là. Mais ce sont surtout des sportifs qui aiment la nature et qui veulent vivre quelque chose différemment.»

Isabelle Macheret (Romont), 32 ans.
«Aller chercher loin au fond de moi»
Isabelle Macheret a participé en février 2005 au Raid Sahara, un marathon de 220 km dans le sable à parcourir en cinq étapes de 40 à 60 km. Un pari complètement fou. «Encore maintenant, certains font de grands yeux quand je leur parle de cela.»
La Glânoise était spécialement motivée: «Epileptique, j’ai été opérée par deux fois et j’ai même fait une hémorragie interne. Une fois guérie, j’ai vraiment voulu aller au-delà de mes limites pour me relancer sur de nouveaux rails, vers une nouvelle vie. Depuis cette expérience, dont je suis très fière, je me sens capable de faire plein de choses. Je rentre d’ailleurs du Niger, où j’ai travaillé six mois comme bénévole pour Médecins sans frontières.»
Employée dans une entreprise informatique, la jeune femme a énormément souffert lors de son aventure saharienne. «Dans l’étape de 60 km surtout. Partie à 8 h le matin, j’ai rejoint le camp à 22 h, tout le monde dormait déjà. Mes pieds étaient couverts d’ampoules! Le lendemain, je suis repartie. C’est une expérience personnelle très forte qui demande un gros travail psychique. Pour arriver au bout, j’ai dû aller chercher très loin au fond de moi.»

 

Quelques itinéraires de gens "hors du commun" qui m'évoquent une pensée d'André Gide:

"Il y a bien des choses qui ne paraissent impossibles que tant qu'on ne les a pas tentées"

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commentaires

N
500 raids par an...en compressant un peu tu devrais pouvoir faire rentrer tout ça dans 365 journées....zut j'ai oublié les heures de repos...
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