(et surtout, j'aime son anglais!!)
SCOTT - Seb Michaud / Sochi 2009
Et ici, un ride.... interminable, comme on en rêve! (quelques barres rocheuses en moins)
Après la route de la Soie en été 2007, te voilà de nouveau valises à la main et baskets aux pieds à la fin du mois de février pour participer à l’Etoile d’Atacama : un raid de 9 jours et 274km à pied à travers le Chili…
Salar de Atacama, Vallée de la Lune, Lagunes Miscanti et Meniques, geysers du Tatio, volcans qui culminent à près de 6000 m… autant de lieux évocateurs et exotiques qui mettent l’eau à la bouche ! Merci à toi d'accepter de prendre un peu de temps pour nous faire rêver ...
Tout d'abord, ma première question : combien de temps es-tu parti ?
Pas assez longtemps à mon goût !!! Non, en fait j’ai eu la chance d’avoir pu partir deux grosses semaines dans ce désert d’Atacama qui me faisait rêver depuis des lustres...
Tu appréhendais ce voyage ou tu partais plutôt serein sur tes capacités, car 240km, ce n’est pas rien !
En théorie, j’aurais dû partir relativement serein. Je pensais un peu au parcours et aux conditions qui m’attendaient mais j’étais bien loin d’être affolé. Cependant la pratique s’avéra « légèrement » différente puisqu’à 15 jours du départ, je me suis blessé... tendinite achilléenne ! La sérénité devint donc délicate à gérer, surtout que la première question du médecin qui m’a ausculté fut de savoir si j’avais une bonne assurance annulation ! Lorsque tu prépares un tel projet depuis des mois, que tu t’entraînes dur et que tu remues ciel et terre pour boucler le budget, c’est le genre de chose qui n’est pas vraiment évidente à entendre !
Je me suis donc retrouvé au repos forcé et sous anti-inflammatoires violents jusqu’au départ de la première étape qui était une boucle d’acclimatation à l’altitude, donc non chronométrée. C’était le test : si je ressentais la moindre douleur au tendon, il était évident que le reste ne passerait pas... et il ne me restait plus qu’à enfiler les chaussures de randonnée et mettre l’appareil photo autour du cou ! Il a donc fallu se conditionner à cette éventualité. Pas simple mais en même temps formateur car cela t’oblige à prendre du recul et à relativiser : d’accord la course s’annonce compromise mais pouvoir partir dans ce coin de paradis, ne serait-ce que pour y marcher, était déjà une chance exceptionnelle... alors je n’avais sûrement pas le droit de me plaindre et encore moins de m’apitoyer sur mon sort !
Et puis finalement la première étape est passée sans le moindre souci (même si j’étais obnubilé par ma cheville droite !). A l’arrivée l’infirmier urgentiste m’a examiné et a été très optimiste pour la suite. J’ai donc repris confiance et au fil des étapes j’ai fini par oublier (enfin presque !) ce satané tendon !
Ces 240km à travers le Chili représentait combien en Dénivelé ?
Il y avait un peu plus de 3200 mètres positifs (pour 5300 de négatifs), ce qui n’est pas énorme compte tenu de la distance. Mais avec l’altitude, les distances et la dénivellation prennent une toute autre dimension. Il suffit de boire une gorgée à la pipette du camelbak pour s’en rendre compte... on devient essoufflé comme si l’on venait de piquer un sprint !!!
Comment était l'accueil sur place? As-tu eu l'occasion de rencontre et d'échanger avec la population locale?
Une fois dans le désert, nous avons peu eu l’opportunité de rencontrer du monde, le climat et l’altitude rendant le milieu particulièrement inhospitalier. Néanmoins, les quelques rencontres que nous avons pu faire avec les enfants ou les adultes dans les villages traversés sont toujours des moments d’échanges privilégiés. D’autant plus que les locaux sont accueillants et toujours prêts à discuter malgré la barrière de langue.
Crédit photos : Nature Extrême Développement
Comment se déroulait une journée type ?
En général : réveil 6h30, mis en tenue et rangement des sacs, petit-déjeuner 7 heures. Brin de toilette et embarquement dans les minibus pour un transfert dont la durée oscillait entre 45 min et 2 heures. Une fois arrivés, nous avions une petite demi-heure pour nous préparer, puis le départ était donné. L’arrivée se faisait soit directement au prochain bivouac soit dans un endroit où nous pique-niquions avant de repartir en minibus. Le restant de la journée était consacré à la récupération et aux soins. Très souvent une visite était proposée. La journée se terminait par l’incontournable briefing de l’étape du lendemain, suivi du dîner.
Crédit photos : Nature Extrême Développement
Et le dodo, confortable ?
Les tentes deux places étaient relativement confortables. Mais après, la qualité des nuits est très variables d’une personne à l’autre ! Mon colloc’ s’endormait en 30 secondes chrono ! En ce qui me concerne, ayant un sommeil léger, les nuits furent plus mouvementées ! Avec l’altitude je n’arrivais pas à dormir, d’autant plus que se coucher à 21h30 ne fait pas vraiment partie de mes habitudes ! Je prenais un hypnotique (stilnox) tous les soirs mais malgré cela je passais plus de temps à écouter de la musique qu’à dormir...
Concernant le froid, nous en avons tous plus ou moins soufferts les derniers jours, et tout particulièrement la veille de la dernière étape où il a fait un - 10°C bien tassé ! Au réveil, l’intérieur des tentes était givré et les vététistes ont dû attendre avant de prendre leur départ car le dérailleur de leur vélo avait gelé !
Crédit photos : Nature Extrême Développement
Comment se passe la logistique ? Vous vous faites transporter vos petites affaires ou il faut l’énorme sac à dos de campeur?
Nous ne transportons pas nos sacs pendant la course. Nous les laissons le matin et les retrouvons à l’arrivée.
La classe... Et les repas?
Au niveau de la nourriture, le petit-déjeuner, le repas d’arrivée ainsi que le dîner sont également pris en charge par l’organisation. Un porte-bidon ou une poche à eau est donc largement suffisant pour courir puisque l’on retrouve le principe des trails avec un ravitaillement liquide/solide tous les dix kilomètres en moyenne. Après chacun gère son alimentation de course comme bon lui semble avec éventuellement des barres, des gels, de la boisson énergétique, etc...
Crédit photos : Nature Extrême Développement
A ce propos, qu’est-ce qu’on mange quand on court au Chili ? (pas des haricots rouge tous les jours quand même !)
Durant la course, la nourriture est avant tout adaptée à l’effort d’endurance... donc pas tellement riche en haricots rouge ! Pain, céréales, gâteaux, et boissons chaudes pour le petit-déjeuner, et crudités, soupe, viande, riz et pâtes pour les repas d’après-course... du classique quoi !
Par contre, une fois l’épreuve terminée nous avons pu goûter aux spécialités locales qui valent le détour ! Les chiliens sont imbattables pour préparer la viande et leur barbecues sont un régal !
Et puis course ou pas course, leurs bières se laissent également bien boire...
Ah parce que tu bois de la bière toi maintenant ?? Je saurai m'en souvenir!
Comment étaient les relations dans le peloton, avec les autres coureurs ? Il y avait aussi des vététistes et marcheurs, ça se passait bien entre vous ?
Disons que la communication n’est jamais simple avec les vététistes du fait de leur niveau intellectuel largement inférieur à celui des coureurs à pied !!!!!!!!
Non plus sérieusement, tout s’est globalement très bien passé au sein du groupe, quelque soit la discipline de chacun. Malgré les conditions difficiles, l’altitude (et le mal des montagnes qui va avec), le froid, le manque de sommeil, la fatigue physique ou encore les inévitables bobos, l’ambiance est toujours restée très bonne et conviviale. Il faut dire aussi que la majorité des personnes se connaissaient déjà avant, ce qui facilite grandement le contact ! Et puis à ce niveau, le staff reste très vigilant : toujours à l’écoute de chacun, à rebooster ceux dont le mental vacille...
Tu es déjà parti avec ces même organisateurs justement (Nature Extrême Développement).
Est-ce que tu as l’occasion de revoir des personnes croisées lors de tes précédentes aventures ?
Sur ce genre d’épreuve, quelque soit l’organisateur, tu retrouves toujours des têtes connues... c’est un petit monde ! En plus, Nature Extrême Développement compte beaucoup d’habitués et donc nécessairement on retrouve un peu les mêmes coureurs, marcheurs et vététistes d’un raid à l’autre ! Personnellement, c’est quelque chose que j’apprécie car il y a des personnes avec lesquelles tu sympathises vraiment.
Crédit photos : Nature Extrême Développement
Qu’est-ce qui t’attire dans ces voyages ?
Tout d’abord, c’est de pouvoir découvrir des paysages extraordinaires... la planète possède de si belles choses qu’il serait dommage de passer à côté ! Il y a également les rencontres avec des personnes qui vivent d’une manière totalement différente de la nôtre, qui bien souvent n’ont rien ou pas grand-chose mais qui te donne tout ! Ces échanges sont certes éphémères mais tellement enrichissants qu’ils te marquent pour très longtemps.
Après la course à pied n’est qu’un prétexte pour la découverte ; prétexte qu’il n’est pas facile à faire comprendre aux personnes qui ne courent pas ! Mais pour celles et ceux qui savent ce que c’est, quel bonheur que de pouvoir courir dans des endroits magiques, d’en prendre les yeux et de pouvoir le partager avec d’autres passionnés!
Et pourquoi NED particulièrement ?
Parce que NED, c’est la rigueur baignée dans la bonne humeur ! En termes de logistique et de sécurité, ils sont très carrés et rien n’est laissé au hasard. Et en dehors de cela, tout est fait pour que l’on passe un bon moment de sport mais avant tout de convivialité! D’accord, il y a un chrono et un classement mais tout n’est pas centré là-dessus ! Cathy et Serge, les responsables de NED, se cassent toujours la tête pour nous faire passer dans les endroits les plus beaux et les plus sauvages du pays dans lequel nous nous trouvons.
La Route de la Soie qu’ils ont organisée en 2007 en est le meilleur exemple : il fallait un sacré culot pour faire traverser l’Asie à 60 personnes en passant par des endroits totalement délaissés par l’homme et finir par des étapes en Iran ! L’expédition était ambitieuse mais ils l’ont minutieusement préparée et tout s’est passé sans encombre, ce qui était loin d’être gagné d’avance.
Crédit photos : Nature Extrême Développement
Tu disais qu'il y a des gens avec qui tu as vraiment tissé des liens?
Oui !!! Il faut dire que les concurrents sont généralement des individus « hors normes » avec une philosophie et des choix de vie qui pourraient paraître décalés aux yeux de notre société actuelle... mais qui pourtant sont tellement vrais et enrichissants ! (enfin cela n’engage que moi !)
Au fil des voyages, je suis resté en contact avec pas mal de personnes. J’en vois même certaines de temps en temps. Et puis il y a ceux que l’on perd de vue une fois la course terminée, et que l’on retrouve avec plaisir des mois ou même des années plus tard, à un autre bout de la planète.
En fait, les concurrents ne sont pas vraiment des perdreaux de l’année !!! A titre d’exemple sur la Route de la Soie, la moyenne d’âge dépassait allégrement les 55 ans ! Jusqu’à présent, j’ai donc toujours été le benjamin du groupe... avec un grand nombre d’années de retard sur la moyenne !
Mais l’explication est logique : ces projets demandent du temps et de l’argent, ce dont ne disposent généralement pas les personnes qui débutent dans la vie active ! Et puis il suffit de regarder la moyenne d’âge des pelotons sur les épreuves supérieures au marathon pour comprendre que la longue distance ne passionne pas vraiment les coureurs les plus jeunes.
A l’exception de ma Voisine, je connais peu de personnes dans mon entourage qui seraient prêtes à dépenser tout leur budget vacances pour aller courir pendant des heures, plusieurs jours d’affilée... et dormir le soir sous la tente ! Les déséquilibrés ne courent pas les rues !!!
Crédit photos : Nature Extrême Développement
C'est clair....
Tu termines sur le podium de cette course avec une belle 3ème place. Sur ce genre d'épreuve est-ce qu’on a tendance se préoccuper un peu, beaucoup du résultat ou alors on n’est seulement obnubilé par les paysages ?
La relation que l’on peut avoir avec le chronomètre est propre à chacun. Par exemple, il est bien évident que les premiers sont avant tout des compétiteurs dans l’âme qui viennent pour la gagne !
En ce qui me concerne, c’est bien là le dernier de mes soucis ! Après, bien entendu que finir sur le podium d’une telle course fait toujours plaisir ! Mais je pars du principe que je cours avant tout contre moi-même, inutile de penser au classement... il se fait naturellement ! Sur le plan sportif ce qui m’intéresse avant tout est de pouvoir confronter mon organisme à des conditions aussi exigeantes que les 52 °C du désert de Lut, l’insupportable chaleur humide dominicaine ou encore la haute d’altitude d’Atacama. Etre à l’écoute de son corps et de ses réactions pour essayer de l’amener à l’arrivée, voilà ce qui m’obnubile !
Crédit photos : Nature Extrême Développement
Ouh là là, le genre de truc impossible à affronter pour ta voisine!!! 52°C... déjà que quand on dépasse les 18°C en France, je gonfle comme une barique sans évacuer la chaleur... Je n'ose même pas imaginer!
Tu as gagné quoi d’ailleurs ?
Avant tout... j’ai gagné de l’enrichissement personnel et de l’amitié !
Le lot est le même pour tout le monde (en l’occurrence un joli masque chilien en terre cuite), quelque soit le classement. Ce qui paraît normal puisque nous avons tous vécu la même épreuve et que finalement ce sont les derniers qui ont passé le plus de temps sur la course !
Sinon, du fait de ma 3ème place, j’ai reçu un avoir pour un prochain raid NED. Et là aussi, je trouve fort appréciable qu’il n’y ait pas d’argent en jeu. L’argent nous pourrit suffisamment le reste du temps pour ne pas avoir à en entendre parler pendant ces aventures qui sont des moments privilégiés de la vie. Et puis c’est une nécessité afin que l’état d’esprit et la compétition demeurent sains.
Et qui sont tes prédécesseurs ?
Il y avait du beau monde sur cette édition de l’Etoile d’Atacama ! Dominique Bordet, le vainqueur, est coureur du Nord invaincu sur les nombreux raids auxquels il a participé. Son record sur marathon est sous la barre des 2h25 min ! Il termine devant Gilles Diehl, ancien membre de l’équipe de France de 100 km, champion de France de la discipline en individuel mais également champion d’Europe et du Monde par équipe. Sa meilleure performance sur la distance est un peu moins de 6h42 min !!! Il y avait donc un écart considérable entre les deux premiers et moi-même, leur niveau étant bien entendu largement supérieur au mien.
Oui d'ailleurs c'est bien connu, mon Voisin est un escargot en course à pied.... Qu’est-ce qui t’a le plus marqué pendant ton périple ?
Que veux-tu répondre à cela lorsque tu en as pris plein les yeux pendant 15 jours ?!! Il y a tellement de choses qui m’ont marqué ! La première qui me vient à l’esprit est la descente sur Toconao. Le panorama était magnifique avec les volcans et les montagnes sur les côtés et le Salar en face de nous. Mais c’était surtout le contexte qui était spécial : nous courions les derniers kilomètres de la dernière étape et c’est toujours un moment particulier durant lequel beaucoup de souvenirs mais également de personnes me traversent l’esprit... j’ai notamment repensé à ma tendinite ainsi qu’à la question de mon médecin sur mon assurance annulation ! Et là, j’ai vraiment réalisé la chance que j’avais eue d’avoir pu courir l’épreuve d’un bout à l’autre, en faisant plaisir au milieu de ce paysage irréel...
Un souvenir négatif ? Un coup de mou au cours des 9 jours ? Une envie d’abandon ?
Je dois avouer que la confiscation de mes saucissons par la douane chilienne fut particulièrement douloureuse ! Et le pire c’est que mon voisin de tente a connu le même sort !!! C’était d’ailleurs devenu notre tabou... même dans les moments les plus difficiles, nous n’évoquions pas cet épisode fort déplaisant !
Sinon, aucun mauvais souvenir, ni coup de mou et encore moins une envie d’abandonner.
Si tu as un conseil, quelque chose à dire au lecteur de carotte pour tous qui est comme moi, en train de baver devant ton récit ?
Il faut agir au lieu de baver !!!
Pour être sérieux, je leur conseillerais tout simplement d’appliquer la (si jolie) phrase qui orne ton blog ! Il ne tient qu’à soi de vouloir réaliser ses envies et ses rêves. D’accord, il y a toujours une multitude de choses pour nous freiner mais lorsque l’on veut vraiment on peut !
Dans le cas des raids, une épreuve telle que l’Etoile d’Atacama est pour le moins extrême. Mais une organisation comme NED propose des épreuves bien plus accessibles avec une logistique bien plus confortable (nuits en hôtel par exemple) dans des pays comme la Croatie, la Grèce et j’en passe ! Le niveau de pratique n’est pas le souci premier... il suffit de vouloir aller au bout de soi-même, c’est tout !
Quel est ton prochain objectif ?
Il est trop tôt pour en parler mais il commence à prendre forme...
Ah là là, sacré Seb, toujours plein de mystère... Et pour finir, ton dicton du jour …
Oula difficile de répondre, moi qui suis fan de phrases et citations en tous genres ! La plus présente dans mon esprit est sans aucun doute : « Ecoute ton cœur, il a raison ! », qui n’est pas un dicton du jour mais mon dicton de tous les jours !
Crédit photos : Nature Extrême Développement
PORTRAIT EXPRESS:
Franck Bussière
Né le 13 Août 1975 à Armentières (59)
Poids : 72 kg - Taille : 1,78 mètres
Situation : Marié, 2 enfants
Profession : Chargé d’affaires en génie climatique
Vit à Villette d’Anthon (38)
Membre du Team ASICS TRAIL depuis novembre 2007
PALMARES :
Aviron :
2 fois champion du monde - huit poids léger (2001-2004) – 3ème en 2003
4 fois champion de France – 2002-2004-2005-2005
Trail :
2007 : 3ème trail Cabornis – 7ème marathon du Mont Blanc – 10ème 6000D – 3ème Saintelyon équipe de 4
2008 : 3ème trail Cabornis- 5ème trail de Faverges – 7ème Nivolet Revard – 9ème marathon du Mont Blanc
Franck, pour commencer : qu’est-ce qui t’a donné envie de ranger les pelles pour chausser les trails ?
J’ai arrêté à 30 ans en 2005 après 8 années de haut niveau, c’était devenu pesant : le rythme de vie entre l’entraînement quasi bi-quotidien, le travail et la famille, d’autant que les résultats sportifs n’était plus à la hauteur de mon engagement : seul un objectif olympique peut réellement motiver après 30 ans.
Pour autant, je n’ai pas la moindre nostalgie, j’ai arrêté avec le sentiment d’avoir fait de mon mieux pendant toutes ces années et d’être arrivé proche de mon meilleur niveau. Après, les résultats obtenus dépendent également de paramètres et de circonstances que l’on ne maîtrise pas forcément. Je n’ai pas atteint mon objectif d’aller aux jeux, mais je ne le considère pas pour autant comme un échec.
Avec 2 années de recul et même s’il y a eu des épisodes douloureux, je garde de bons souvenirs et suis fier d’avoir pratiqué un sport qui porte des valeurs fortes et qui reste épargné des dérives que l’on voit par ailleurs dans le sport business et spectacle.
Petit retour en arrière.... Quel est ton meilleur souvenir en aviron ?
Le premier titre mondial en 2001, remporté dans un contexte de pression avec la fédération qui ne voulait pas que les 4 poids légers champions olympiques courent en huit et en quatre aux championnats du monde. Sans leur détermination, il n’y aurait pas eu ce titre….
Et le plus mauvais ?
Régate d’Essen 2002. Suite à la contre performance du quatre sans barreur (seul bateau olympique de la catégorie), avec Pascal Touron on se fait sortir du bateau et le rêve olympique se brise : même si je m’accroche pendant 2 ans pour ré-intégrer la coque, comme si de rien n’était, je sais au fond de moi que je ne connaîtrai pas les jeux.
Entre trail et aviron, selon toi quelles sont les différences fondamentales ?
La différence fondamentale est qu’en aviron, on travaille à des intensités et des rythmes très constants par rapport au trail, aussi bien à l’entraînement qu’en course (tout au moins avec le programme fédéral français…).
Par contre en trail, le temps de course est plus long que celui de l’entraînement, l’intensité en course est proche de celle de l’entraînement voire même inférieure selon la séance.
Le trail est aussi beaucoup plus traumatisant au niveau du muscle et des articulations. Cela m’a demandé une bonne saison d’adaptation au niveau de la récupération d’après course. Je pense également que la musculation joue un rôle important à ce niveau, pour le renforcement de la fibre musculaire, tout au moins au début.
Est-ce qu’il y a certaines choses qui te manques?
Ce qui me manque le plus aujourd’hui c’est l’ambiance d’entraînement des stages (alors que c’est ce qui me pesait le plus à la fin), le fait d’être délocalisé et être 100% disponible pour sa passion. Encaisser des charges importantes de travail et la sensation de bien-être que peut provoquer la fatigue… c’est le genre de sensation qui me manque.
Pour le reste, rien ne me manque véritablement et c’est pourquoi j’ai tourné la page du jour au lendemain : de toutefaçon, je n’aurais pas pu continuer à moitié et me voir régresser.
Qu’est-ce que ça t’apporte aujourd’hui de t’éclater en trail ?
Le trail est d’abord un moyen de me dépenser physiquement et d’être en plein air : j’ai besoin de faire un sport qui me fatigue sinon je suis invivable. Et comme je suis passionné de montagne, c’est assez logiquement que je suis arrivé au trail.
Ensuite, c’est en découvrant les valeurs et l’esprit des pratiquants que c’est devenu une passion : c’était essentiel pour moi de rester dans la lignée de l’aviron.
Et à l’inverse y a-t-il quelque chose qui te rebute en trail ?
A part les descentes !!! rien. Mais j’y travaille assidûment pour limiter les dégâts.
Après, j’ai peu de recul (à peine 2 ans de pratique) pour avoir une vision complète de la discipline. Malgré l’engouement croissant pour le trail, je reste quand même assez optimiste sur l’évolution de ce sport pour les prochaines années pour qu’il n’y ait pas trop de dérives. La mentalité des trailers est saine et chacun essaye de préserver l’éthique de la discipline. Je trouve même que le côté commercial et marketing induit est raisonné et raisonnable. J’espère ne pas trop me tromper …..
Malgré ta jeune carrière, as-tu déjà retenu quelques souvenirs marquants?
J’ai beaucoup de bons souvenirs mais pas un qui ressort particulièrement du lot : j’attends de faire une grosse perf sur un gros trail pour ça.
Après, il y a eu des moments forts comme la 3ème place par équipe à la Saintelyon pour quelques secondes sur le 4ème : je m’étais mis beaucoup de pression pour ma première course avec le team Asics, surtout que j’avais le premier relais. Je ne voulais surtout pas décevoir… : les courses par équipe ont toujours une saveur particulière, ça m’a rappelé l’aviron.
Justement,la culture aviron te sert-elle dans ton activité aujourd’hui ? (muscu, endurance, nutrition, état d’esprit, etc…)
C’est évident que mes années d’aviron m’ont servi à appréhender cette discipline, mais pas tellement plus que si j’avais fait un autre sport (d’endurance bien sûr !!). C’est plus la pratique de haut niveau qui me sert, avec tout ce que ça implique : connaissance et compréhension de l’entraînement, l’assiduité, connaissance de soi dans l’effort et de ses capacités de récupération.
J’ai gardé quasiment le même mode vie car, depuis le temps, c’est devenu une habitude : diététique, rythme de sommeil, vacances sportives ou limitation des excès ne sont plus une contrainte.
Le problème c’est que j’ai encore beaucoup de mal à sauter un entraînement sans culpabiliser : c’est une vrai dépendance physique et psychologie, mais je me dis qu’il y a pire comme addiction….
Et en quoi consistent tes entraînements dans la semaine ? Tu arrives à jongler avec ton boulot ? C’est quoi ton terrain de jeu favori / régulier ?
En semaine, je m’entraîne entre midi et 14h au parc de Miribel Jonage (pôle France aviron). C’est un choix personnel pour ne pas avoir à le faire le soir que je réserve à ma petite famille : ils l’ont assez vécu avant quand je m’entraînais matin et soir.
Une semaine type d’entraînement se compose en général de 2 séances de courses à pied (entre 16 et 20 km), une séance cardio en salle (ergomètre ou vélo), une séance muscu (endurance de force comme au bon vieux temps, mais un peu plus light !!) et un aller-retour boulot en vélo (soit 2x 25 à 30 km). Le week-end, entraînement plus long à pied ou en vélo. En hiver, pas mal de ski de fond.
Mes terrains de jeu favoris : les Monts d’Or (un peu loin de chez moi maintenant) et le Bugey et Val Thorens pour les vacances
Tu arrives à t’entraîner avec des potes régulièrement ? Ou tu préfères jouer au loup solitaire ?
Je suis plutôt loup solitaire à l’entraînement, autant pour des raisons d’emploi du temps que par choix.
Disons que je n’ai pas forcément besoin d’émulation pour trouver la motivation à l’entraînement et pour y être assidu toute l’année. C’est aussi important d’être seul quand c’est difficile physiquement et mentalement pour dépasser son envie de ralentir, d’arrêter ou simplement de pas aller s’entraîner.
Je fais, dès que possible, une sortie en groupe pour se tirer un peu la bourre et casser la monotonie de l’entraînement solitaire, avec toi quand tu n’es pas par monts et par vaux ou avec Flo (Racinet).
J’essaie également de dévier de leur sillon mes potes rameurs (quand ils n’ont pas d’échéances) ; c’est toujours de bonnes séances car ils sont toujours partant pour allumer !!
Côté nutrition, est-ce que tu suis un régime particulier ?
Je me suis beaucoup intéressé à la nutrition et à la diététique sportive quand je ramais, surtout qu’étant en catégorie poids léger, j’avais la contrainte de la perte de poids pour les compétitions.
Dans ce flot d’informations pas toujours cohérent et d’avis divergents, j’ai trouvé le régime alimentaire qui me convenait bien au quotidien. A mon avis, l’important en diététique est de savoir ce que l’on mange, de connaître ses besoins en fonction de son activité et tout devient naturel, sans avoir à suivre des recettes et programme alimentaire.
Finalement, la veille d’une course, je ne change quasiment rien. J’ai surtout appris à être beaucoup plus à l’écoute de mes sensations avant, pendant et après les courses, quitte à très peu manger avant, et ne plus me forcer à avaler la double dose de pâtes, pour « charger en glycogène » et qu’on regrette ensuite en course.
Pendant les courses, à quoi tu penses ? À mettre les pieds au bon endroit ? A la bonne bière qui t’attend à la fin ? A mettre une tôle à celui qui te précède ?
C’est sûr qu’en descente, je regarde où je mets les pieds et je ne pense qu’à ça : j’ai déjà fait l’expérience douloureuse de la gamelle en descente et ça calme bien.
Je m’efforce de rester concentré pendant toute la course et évite de laisser divaguer mon esprit pour faire passer le temps. J’ai besoin d’être à l’écoute de mes sensations pour gérer au mieux le rythme, pour ne pas m’emballer dans les moments de mieux, afin de limiter les ‘coups de moins bien’: ça passe finalement assez vite une course de 4-5h, sauf quand elle est mal gérée…..
Pour ce qui est de ‘tôler’ l’adversaire, c’est le genre de pensée qui te fait péter la chaudière très vite. Il ne s’agit pas de vouloir rattraper à tout prix le gonze devant si tu n’en as pas les moyens. La seule compétition est celle qu’on fait avec ses propres limites.
Après, c’est certain que ça fait plaisir d’accrocher ou de battre des ‘gros noms’, sachant que ça ne veut jamais dire grand chose, qu’il y a toujours des circonstances qui expliquent une perf ou une contre-perf.
J’aime ces sports qui exigent beaucoup d’humilité, où jamais rien n’est fait.
D’après toi quels sont tes points forts et tes points faibles ? (Si toutefois tu en as !)
Que je n’aime pas ces questions…. !!!
Points forts :
Assiduité et régularité à l’entraînement
Endurance
Bonne récupération
Points faibles :
Doute trop de mes capacités
Manque de puissance et de vitesse : je n’ai pas été livré avec des fibres rapides !!
Trop raisonnable. J’ai du mal à débrancher quand c’est nécessaire
Franck a-t-il déjà eu envie d’abandonner sur une course ?
Il m’est arrivé que ça effleure mon esprit dans un moment difficile, mais jusqu’à présent j’ai toujours su reprendre le dessus : c’est donc que ça n’était pas bien grave !!!
Par contre, je sais qu’il a des chances que ça m’arrive un jour : j’espère juste que ça sera pour de bonnes raisons (blessure, déshydratation, grave trouble digestif) et pas sur un coup de tête dans un passage moins bien : je le vivrai très mal après coup.
Est-ce que tu estimes être suffisamment reconnu à travers ton sport, tes résultats?
D’abord, ce n’est pas ce que recherche, sinon je n’aurai jamais fait d’aviron, et pas choisi de me lancer dans le trail. Ensuite, si je veux plus de reconnaissance, il ne tient qu'à moi d’avoir de meilleurs résultats, donc c’est très bien ainsi.
Concernant la reconnaissance de la discipline, je préfère que ce sport reste un peu confidentiel mais garde ses valeurs et la belle image qu’il porte.
Parle nous un peu de ton team… Comment tu as fait pour attérir chez Asics?
C’est certainement la meilleure chose qui me soit arrivée depuis que j’ai débuté le trail.
J’avais croisé quelques fois Pascal Balducci (responsable technique du Team et rédacteur de rubrique entraînement d’Endurance Mag) sur des courses dans les Monts d’Or où on terminait souvent dans un mouchoir de poche. Il m’a contacté en novembre dernier pour me proposer de rejoindre l’équipe qui n’était composé que de 3 coureurs. Depuis le groupe s’est largement étoffé puisque nous sommes 8, et bientôt 10, sans compter les membres du Team Raid : ce qui fait une équipe très complète présente sur tous les formats de trail (du 10 km à l’UTMB).
Caro, je t’entends réagir en ne disant qu’il n’y a qu’une seule fille (dans ce monde de brute…) : c’est vrai, mais à elle seule, elle est performante sur toute les distances ….
(Pfff eh... mais j'ai rien dit moi! M'enfin quand même... ça manque de filles tout ça moi j'dis! D'ailleurs s'il y a une place dispo ... héhé)
J’ai donc accepté sans la moindre hésitation car l’état d’esprit me plaisait beaucoup.
Le groupe est chapoté de main de maître par Laurent et Cathy Ardito, qui mettent à profit leur grosse expérience en raid pour que le groupe évolue harmonieusement.
Les recrues ne se font d’ailleurs pas uniquement sur le seul critère de la performance, puisque l’état d’esprit et le comportement sont tout aussi importants.
Le bon fonctionnement du groupe est basé sur la communication, aussi bien en interne qu’en externe : comptes rendus réguliers de course, d’événement ou matériels.
Les relations avec nos partenaires matériels sont très bonnes et vont au delà de la simple dotation ; il y a beaucoup d’échanges, la confiance est réciproque et on tient beaucoup à cet aspect.
On est certainement un des Teams les mieux dotés, grâce à nos nombreux partenaires (cf. : http://www.outdoorexperiences.fr/) qui nous équipent largement et prennent en charge les principales courses ; le tout, sans aucune pression de résultats, ni de calendriers.
Dans un tel contexte, on a tous envie de donner le meilleur de nous-mêmes et de véhiculer la meilleure image possible.
Pour l’instant, on ne se retrouve que sur les courses car le groupe n’a atteint cette taille que depuis peu de temps, mais les choses vont évoluer progressivement en faisant des reconnaissances de courses par exemple, ou des regroupements d’entraînement.
Quels sont tes prochains gros objectifs?
Pour la seconde partie de saison, j’aurai 2 objectifs principaux : les Templiers et la Saintelyon, en individuel cette fois-ci et si tout se passe bien. Je ne ferai qu’une ou deux courses d’ici là en préparation pour ne pas perturber les blocs d’entraînements.
Du coup, je ferai l’impasse sur la première édition du Lyon Urbain Trail, qui promet d’être vraiment sympa vu le parcours : et je ne dis pas ça seulement parce que Asics est partenaire !!!, mais j’invite les personnes intéressées par le LUT à faire un saut sur notre site (http://www.outdoorexperiences.fr/protocole.htm)
Bon c'est bien tout ça... mais est-ce que tu comptes un jour passer à l’ultra ?
Pour l’instant, je me suis limité à des formats moyens, jusqu’à 55 km, qui me vont bien et sur lesquels je peux encore progresser.
Avec les Templiers, je passerai à un autre format : j’aime faire les choses dans l’ordre et en prenant le temps de préparer correctement. Je ne cherche pas à faire de la surenchère de distance même si la tendance est de faire toujours plus long, toujours plus dur.
Pour ce qui est de l’ultra (à partir de combien c’est de l’ultra ?? – je me fixe arbitrairement 80 km), aucune idée : je verrai après les Templiers et la Saintelyon le plaisir que j’en tire et mon niveau de performance quand ça s’allonge un peu.
Si j’y viens un jour, je tâcherai de faire les choses bien au niveau de la préparation pour ne pas le regretter. Et l’avantage de l’ultra est qu’on peut s’y mettre tard et performer encore à 60 ans…
Qui dit Franck sur une course, dit : Sophie, Tom et Liv sur le bord du chemin
As-tu des choses à leur dire ? Est-ce que ça t’apporte vraiment un plus d’avoir du soutien sur les courses ?
C’est certain que j’ai la chance d’avoir toujours eu le soutien de ma petite femme. Après avoir supporter toutes mes absences de rameur, elle m’encourage encore sur les sentiers avec Tom et Liv : toujours prête à traverser la France (comme avant) pour être au départ et à l’arrivée, je suis obligé de la raisonner parfois pour qu’elle passe de week-end tranquille à la maison.
C’est évidemment un plus d’avoir l’aval de sa famille, surtout au quotidien pour l’entraînement : je m’efforce de m’entraîner à des horaires les moins gênants pour la vie de famille afin de dégager un maximum de temps pour eux, mais j’admire et je bénie sa tolérance et sa compréhension.
Sophie, qu’est-ce que tu penses de cette reconversion réussie de ton homme ?
(Nouvelles contraintes / fierté / etc…)
Je trouve cette reconversion effectivement très réussie !!
Il est vrai qu’après la carrière de haut niveau de Franck, j’avais un peu peur de ce que pouvait engendrer un arrêt de l’aviron : comment allait-il palier à ce manque soudain de sport de haut niveau, de stages et de reprendre le boulot à temps plein !
Finalement, il s’est trouvé une nouvelle passion et son équilibre a été conservé.
Quant aux contraintes, elles sont moins importantes qu’avant, même si je râle de temps en temps (l’inverse ne me ressemblerait pas !). D’autant plus que Franck s’entraîne entre 12h et 14h tous les jours de la semaine et le matin les jours de Week-end, il se rend donc vraiment disponible pour nous le reste du temps et je l’en remercie vraiment.
Pour les courses, j’ai toujours aimé partager ses passions, il me parait donc indispensable d’aller le soutenir sur le bord des sentiers. D’autant plus que Tom et Liv adorent être dehors, nous faisons donc les groupies dès que possible !! Même si l’organisation est parfois difficile à mettre en place : on ne loge pas à 4 comme je logeais, à l’époque de l’aviron, sous la tente avec les copines !!
Quant à la fierté, tu le sais Caro, j’ai toujours été fan et admirative de Franck. Savoir se transcender, toujours donner le meilleur de soi et avoir cette rigueur, quelques soient les circonstances, c’est formidable. J’ai toujours soutenu mon homme dans les bons comme les mauvais moments et je le ferai toujours (avec mes deux bouts de choux désormais) car ça me passionne. J’aime cet esprit qu’il règne dans le trail comme j’aimais l’esprit qu’il y avait dans les compétitions d’aviron (il y a juste le partage avec les copines qui me manque un peu !)
T'inquiète Sophie, le partage avec les copines, on peut aussi le vivre autour d'un barbeuc a Dagneux! Pour terminer, quelques petites questions inévitables:
Ton idole dans la vie:
Idole c’est un peu fort, je dirai modèle ou personnes que j’admire : -Raphaël Poirée pour l’image qu’il incarne, et ses performances dans son sport magnifique - JC Rolland pour son engagement et sa réussite dans tout ce qu’il entreprend – et JC Bette pour sa carrière et sa détermination inaltérable.
Ton moment préféré de la journée:
Quand je rentre chez moi après une bonne journée de boulot et un entraînement bien réalisé (j’ai pas dit les pieds sous la table…)
Ton petit plat:
J’aime tellement de choses…, mais quand le soufflé au beaufort sort du four, la diététique et la raison ne pèsent pas bien lourd….
Une bonne adresse, un bon plan à nous faire partager ?
Pour les amateurs de vin, 100% naturel et dans la plus pure tradition, mon père produit en Côte d’Or (Bonnencontre – 15 km de Nuits Saint Georges) sur un petit vignoble (http://www.guybussiere.fr/).
Et chez moi pour une dégustation bien sûr…
Et bien Francky, cette interview est terminée.Ce fût un plaisir de partager un petit bout de ta vie de sportif accompli. Je te souhaite plein de bonnes choses pour la suite et te donne RV dès que tu en as l'occasion pour une petite virée dans le Bugey ou ailleurs! Un grand merci à votre participation, Sophie et toi, à l'enrichissement de Carotte pour Tous!! Alors germain.... 1ers sentiments : surpris, fier ou ??
1er sentiment : heureux d'avoir aligné trois bon parcours au niveau international, d'avoir fait une bonne finale
Oui c’est le moins qu’on puisse dire : « une bonne finale »! Vous aviez imaginés faire un tel résultat avant la course?
On en avait rigolé quand Dan est venu nous demander de faire le deux sans barreur mais le 2-avec dodo c'était un peu mystérieux, chaque course était une surprise ! Pas de bornes, aucune connaissance l'un de l'autre… Bref, dur de savoir où on allait !
Et alors vous vous êtes trouvés tout de suite? Dès les 1ers parcours? Ou alors c'est plutôt le « grain de folie » qui vous a fait aller aussi vite!
En course nous nous sommes vite trouvés. Contrairement à l'entraînement où on avait beaucoup de mal. La première course nous a vraiment surpris mais visiblement on fait sensiblement les mêmes choses en bateau. Il rame facile et long… et moi je le suis un max. Bref, chacun son taffff !
Ben apparemment, tu es un super bon suiveur alors!
Oui c’est possible… J'ai quand même suivi Benj (Rondeau) pendant plusieurs années. J'aime ça, tout comme ramer à la nage.
A ce propos, as-tu eu Benj (Rondeau ) et Juju (Despres) au tel depuis votre course de ce midi? Ils en disent quoi de votre perf?
Ils sont heureux de voir que nous avons gazés.
Mais quand même déçus de ne pas avoir pu vivre ce que nous avons vécu, de ne pas avoir un peu envoyé la gaufre en 4-, parce que nous étions tous arrivés affûtés ici et très en forme !
Votre course c’était une spéciale dédicace quoi…
Oui, on a pensé a eux tout le temps. On a envoyé des séries pour eux. Il ont étaient notre lite motiv. « Une série pour Juju », ça décale… « Une pour Benj », ça redecale ! Et à la fin on finit au taquet ! Dommage, les Neo Zed étaient plus fort, et terminent devant nous.
Ca parait facile ! On envoie des séries pour les potes, et on termine 2ème de la dernière Manche de Coupe du Monde ! (Et Vainqueur de la Coupe du Monde au classement général). Vous avez montré votre niveau, c'est de bonne augure pour la suite du programme en 4-
Oui effectivement, on est très contents ! Et je suis persuadé que si on avait fait le 4-, on aurait sûrement gazés.
Et Juju ? Il peut reprendre les rames quand?
Je pense qu'il va beaucoup mieux. Il a eu une surchauffe du bras, un genre d'élongation. C'était l’histoire de quatre jours. Dommage, c'est mal tombé !
Alors les gars… d'attaque pour les championnats de France dans une semaine alors ?
Oui toujours ! RV aux Championnats !
Merci pour l’invitation Caro, c’est un sacré honneur que d’être questionné par Carotte, surtout lorsque je vois la qualité des personnalités invitées sur ton blog.
De quoi es-tu le + fier à ton retour : ton résultat de folie ? d’avoir tenu bon ? de t’être passé de bières pendant tout ce temps ?
Je ne sais pas le terme « fier » est le mieux adapté. Je suis surtout très heureux, super bien dans ma tête, serein. Le Marathon des Sables, pour moi, c'est presque un pèlerinage, une invitation à tester ses limites dans un milieu hostile du fait de la chaleur extrême. « Faire courir l’Homme là où il ne devrait jamais courir ».
Je suis donc tout simplement très heureux pour moi et pour tous ceux qui m’ont soutenu car j’ai senti, de ma tente au milieu du désert, votre enthousiasme, votre envie ... ca donne des ailes! Et puis relever le défi de courir sous 45°C / 48°C, c’est fou... notre organisme est incroyable !
Le résultat est pour moi très satisfaisant, je ne pouvais pas faire mieux sur ce MDS (Marathon des Sables), j’ai tout donné.
Comme tu l’écris dans ta question, la satisfaction, c‘est d’avoir tenu bon, même dans les moments les plus difficiles, et de franchir cette ligne d’arrivée 245km après le départ. Et curieusement, j’ai pu me passer des bibines, je n’avais pas le choix vu qu’ils ne les ont encore pas inventées en lyophilisées !
J’imagine qu’on ressort grandi d’une telle épreuve ...
Tu vois, depuis que je suis dans les raids aventures, ultra trails, j’ai toujours voulu découvrir les limites de mon corps, comprendre pourquoi à un moment donné, le mental prend le dessus sur le physique. Je pense que mieux se connaître aide à se sentir bien, à se sentir mieux dans la vie de tous les jours.
Lors de ce MDS, j’ai plusieurs fois flirté avec mes limites, et j’ai du gérer de nombreux coups de moins bien. Quelque-soit l’épreuve, tu apprends toujours et tu te découvres des capacités que tu n’aurais même pas imaginées!
Pour répondre à ta question, je ne me sens pas plus grandi, mais j’ai plus confiance en moi, et je me sens bien tout simplement.
As-tu l’impression d’avoir changé, d’avoir quelque chose en plus que tu n’avais pas en partant ?
Oui, je crois que j’ai un peu changé, surtout dans ma tête. Ma première participation au MDS en 2004 m’avait ouvert les portes de l’Ultra. D’un seul coup, tout devenait possible, finir ce 1er MDS m’avait apporté la confiance pour tenter d’autres aventures extrêmes.
Ce 2ème MDS quant à lui, m’a permis de réaliser qu’au niveau de ma préparation, je ne m’étais pas trompé, que j’étais dans le vrai, que j’avais progressé. Il me donne surtout confiance en moi et j’ai appris des choses vitales pour la réussite des ultras. Comme par exemple, ne pas en faire trop. Au niveau des entraînements, privilégier le qualitatif au quantitatif. Si tu en fais trop, tu es cramé sur des épreuves de ce genre.
Tu vois, au maximum de ma prépa, j’ai tourné à 80km/semaine, certains au MDS tournent entre 130 et 180km/semaine… Moi je pense sincèrement qu’au-delà de 80km, si tu veux t’entraîner plus, il faut faire autre chose. Donc, pour ma part, je rajoutais des séances d’ergomètre (merci Bertrand de concept 2), ou de ski de fond pour compléter, mais pas plus de 80km/semaine pour Lolo.
Les + grands moments ?
Ils sont nombreux, je pense notamment à ces paysages magnifiques. A l’ambiance de notre tente 29, géniale… A ces couchés de soleil au bivouac. Aux 15km de traversées de dunes, superbe.
Je crois que je garderai toujours en mémoire mon arrivée de l’étape Ultra, des 75km : un vrai moment de sport extrême, ou « Comment courir alors que le corps et les muscles ont cédé et seul le mental guide encore le pantin que j’étais devenu ». (Les 6 derniers km en hypo)
Les + belles images que tu gardes en toi ?
Je pense à ces magnifiques visages d’enfants marocains, qui sortaient de nulle part pour aller nulle part, incroyable.
Cette photo est pour moi la photo très forte de mon MDS : un paysage magnifique, mélange de sable et de volcanique, les coureurs vont dans le sens de la course, et un enfant, apparaît, en sens contraire alors qu’il n’y a rien, avant, et après…
Le + dur souvenir ?
Le voyage et les 7 heures de bus interminables, assis à côté d’un mec soûlant, en plus j’étais au fond et un peu malade dans le bus, le chauffeur marocain ne conduisait pas d’une manière très souple !
La + belle rencontre ?
Un groupe : la tente 29
Un homme : Xtof, super type (Christophe Aubonnet, que l'on peut découvrir dans la rubrique "des personnes d'exception : Acte 7: Christophe Aubonnet, "pour que chaque jour compte" )
Une femme : Simone Kayser, adorable et Véro, notre supportrice qui était aux CP
Ta + belle photo…
Celle-ci, j’adore ce regard...
A quoi/qui as-tu pensé dans les moments forts, à quoi on se raccroche quand ça ne va pas ?
Vaste sujet, on se raccroche un peu à tout ! Pour ma part, quand ça ne va pas, je mets le MP3 dans les oreilles. Un peu de musique me permet de déconnecter un peu et penser justement à autre chose.
Je pense très souvent à mes arsouilles, Meije et Erwan, et à Mélissa. Je les quitte pour satisfaire ma passion. Je me dis que si je pars de chez moi, c’est pour prendre un maximum de plaisir et surtout relever le défi et terminer.
J’avais promis à Erwanito que je reviendrai avec la médaille, il l’a eu. Donc quand ça n’allait pas, et bien je me raccrochais à ça et aux encouragements de l’équipe organisatrice ainsi qu’à tous les messages que vous m’avez envoyés.
T’est-t-il arrivé de penser à l’abandon ?
Jamais, jamais
De quoi as-tu le + rêvé pendant cette semaine ?
Un boire un coca frais. Je me suis déçu moi-même mais tu vois, je n’avais pas trop envie de bibine !
Un soir, à force d’être en plein air à se taper des lyophilisés, j’ai fantasmé sur un barbeuc / rosé...
Qu’est-ce que tu as ramené de là-bas ?
Du sable, une rose des sables pour Erwan, un dromadaire pour Meije, un plat pour Mélissa, et des images plein la tête pour moi.
Aujourd’hui as-tu récupéré ?
Non, c’est sur que non. Je suis suivi par une nutritionniste. 5 jours après j’étais toujours déshydraté. J’ai perdu 3.5 kg lors de la course, je suis toujours à – 2kg.
Mais j’ai aussi changé ma manière de manger donc je vais peut-être stagner à ce poids qui me convient bien. Je récupère tranquillement.
A choisir, tu préfères un MDS ou un UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc) ?
Les 2 mon général !
Pourquoi ?
Car ces deux courses exceptionnelles sont complètement différentes.
J’adore ce concept de course par étapes comme le MDS, et notamment sa rusticité : Porte un sac lourd (7 kilos sans eau pour moi), dormir par terre, 8 dans la tente, pas de douches, bouteilles d’eau limitées. Je pense que les raiders peuvent tirer leur épingle du jeu du fait de cette rusticité.
L’UTMB, c’est carrément autre chose, un autre univers, on est dans le « non stop » avec nuit blanche. 168km, 9000m de déniv, la montagne, il s’agit de gérer sa course complètement différemment.
Donc, pas de préférence, car même si j’aime le MDS, cette année, je vais arriver à bout de l’UTMB, c’est sûr ! Ce sera mon 2ème objectif perso de l’année.
Et pour la prochaine édition du MDS, est-ce que Lolo sera présent ?
Si je trouve le financement, c’est possible!
Tes prochains grands défis ?
Avec notre équipe (ton équipe) PLANETE TONIQUE, on part sur le Raid Edhec, 250km et 10 000m de déniv+ dans l’arrière pays niçois du 7 au 11 mai. Magnifique course en équipe mixte.
Et d’un point de vue personnel, je vais me préparer sur 2 ultra trails de 80km pour finir en beauté par l’UTMB fin août.
Le championnat du monde des raids au Brésil viendra clôturer l’année sportive de Lolo.
Que de projets tous aussi fous les uns que les autres... Malgré les années et toutes les "petites" courses dans lesquelles je t'ai accompagné, tu continues de m'impressionner... Le mot de la fin?
Un grand sage que personne connaît me disait : « Réussir un ultra, c’est gérer les coups de moins bien, car que tu sois un champion, un passionné ou un monsieur Landa, des coups de moins bien tu en auras toujours »
Merci à toi, et à très bientôt pour le raid urbain de Saint-Priest Caro
A 24 heures de sa victoire à Cazaubon, le nouveau Champion de France Julien BAHAIN, vice Champion du Monde en 4 de couple l'été dernier sur le bassin de Munich, nous livre ses impressions sur sa course et sur ses rêves. Des rêves qui semblent de plus en plus "à portée de main" pour ce jeune angevin de 21 ans...
Récit :
Julien, tu viens de gagner les Championnats de France en skiff. Tout d’abord félicitation ! Car une année olympique comme celle-ci, la performance n’est pas anodine !
La 1ère question qui me vient à l'esprit est de savoir : « qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui lundi ? »
Tu as acheté l’Equipe à 6h ce matin ? Tu as dormi toute la matinée ? Tu t’es remis des coupes de Champ’ que tu as bu hier soir ? Tu as bossé comme si de rien n’était ?
J’ai fait la queue à la Poste ! Sinon j’ai dormi tard ce matin. J’en avais besoin. La route fut longue pour revenir. Je ne suis pas rentré dans mon club donc je n’ai pas encore eu l’occasion de fêter ça comme il se doit, mais ce sera chose faîte dès la semaine prochaine.
Avec 24h de recul. Quel est ton sentiment dominant après cette victoire ?
Ce sont des sentiments mitigés. D’un côté j’ai l’impression d’avoir réaliser une course de folie, j’y ai pris beaucoup de plaisir, et d’un autre côté je me dis que tout ça, c’est pour que dans 4 mois, LE rêve se réalise.
J’ai tellement travaillé pour parvenir à obtenir ce titre, que maintenant j’ai presque l’impression que ça devait m’arriver…ce n’est pas le hasard !
Peux-tu nous raconter ta course en quelques lignes ?
Quand je me suis aligné, je savais qu’il ne fallait pas que je refasse la même erreur que l’année dernière : laisser partir Cédric (Berrest) devant. Dès les premiers coups de pelle, nous nous sommes retrouvés tous les 3 devant avec Jo et Cédric qui avait, lui, pris une petite demi longueur d’avance.
Dès qu’il a voulu creuser, j’ai répondu immédiatement en me replaçant à sa hauteur. Jusqu’au 1400m, c’est en bord à bord, à 3 que nous avons donné chaque coup, répondant aux attaques incessantes des uns des autres.
C’est passé à une vitesse folle ! Je me suis retrouvé au 1400 avec un léger avantage et j’ai tout de suite décidé de partir. 600m d’enlevage à plus de 39 coups/min pour passer finalement en tête à l’arrivée devant Jo et Cédric.
As-tu redouté Jo à un moment ?
Jo a fait une course formidable aussi. « Méfiez-vous toujours du Jo qui dort ». J’ai effectivement eu un instant de doute au passage du dernier 250m. Je voyais que Cédric avait plus ou moins « décroché » mais je sentais Jo qui ne lâchait pas un pouce de terrain. Il a attaqué très fort pour essayer de revenir, mais je ne sais pas où j’ai eu la force de trouver (en demi-coulisse c’est vrai !!) ce reste de vitesse pour finalement contre-attaquer.
Avant le jour J aurais-tu pensé que cette course se passerait ainsi ou avais-tu envisagé un autre scénario ?
Mon entraîneur (Nicolas Derouet) peut l’attester, ce que j’ai dit que je ferais avant la course, c’est exactement ce que décrivait François Freslon (ton cher Papa!) au micro pendant la course. Nous nous connaissons bien chacun et je savais qu’en attaquant à tel endroit, je prendrais un avantage sur mes adversaires
Le skiff TC est une épreuve très disputée, surtout depuis quelques années. Dans ton secteur, la couple toute catégorie (2 avirons par rameur), le niveau des rameurs actuels est non seulement dense mais aussi très élevé. Il suffit pour s’en convaincre de voir vos résultats au niveau international : pas moins de 6 rameurs médaillés aux Championnats du Monde (1 médaille d’or en Double et 1 médaille d’argent en 4 de couple).
De ton côté, quels sont tes objectifs dans les semaines et mois à venir au niveau international ?
Nous allons à présent nous remettre sur notre objectif « quatre de couple ». Il y a les étapes de Coupe du Monde qui approchent. Nous aimerions pouvoir nous affirmer lors de ce point de passage important de la saison et pourquoi remporter ce circuit ?
Penses-tu que ton expérience « quatre de couple » a influé sur ta façon de ramer et t’a aider lors de ces championnats ?
Je pense effectivement qu’individuellement cela m’a servi. Techniquement, j’ai énormément progressé du fait de ma place à la nage (compacité, dynamisme, légèreté,…). Même si la façon de faire est différente entre un quatre et un skiff, il faut savoir retirer le meilleur de l’un pour ramer dans l’autre
Et dans ta façon d’aborder la course ?
Je pense surtout avoir gagner en maturité lors de ce championnat. J’ai pris chaque course comme un exercice avant de réaliser le parcours du WE, le dimanche à midi. Et cette expérience, je l’ai surtout acquise au fil du temps, sur le circuit international avec mes 3 coéquipiers. Je maîtrise beaucoup mieux mon stress, je le canalise pour être le meilleur au bon moment. Je sais de plus en plus qu’une course, même si cela tourne autour de 7 min en skiff, et bien si on ne la prend pas à son compte dès le 1er 500m, c’est difficile d’être compétitif dans le dernier. Et cela est encore plus vrai en Quatre de Couple !
Est-ce que le fait de connaître tes adversaires qui sont aussi tes équipiers au niveau international t’a servi ?
Je crois que c’est là aussi où l’on peut un peu expliquer ma victoire d’hier. Nous nous connaissons presque par cœur ! et je sais où sont les points faibles de mes coéquipiers. C’est ce qui fait aussi notre force à quatre. Je sais que Cédric part fort, que Jo est toujours présent à la fin car il réalise un travail au milieu qui est très constant. Mais je sais aussi qu’en restant à côté dans le premier 500, en attaquant Jo constamment, je peux réussir à les déstabiliser ! Néanmoins, ce fut une course magnifique de l’intérieur et je salue Cédric et Jonathan qui sont tout autant méritants.
Que penses-tu des résultats dans les autres courses ? Quels sont les trucs qui te surprennent ?
Il est vrai que les résultats sont impressionnants cette année. Le niveau national est très relevé. La preuve en skiff PL avec le « jeune » Azou qui s’adjuge une 2ème place devant des ténors de la discipline. La course du 2- TC fut très disputée ainsi que celle du 2- PL. Je pense que malgré certaines surprises, cela veut dire que le niveau est bon, que les secteurs se densifient et que cela présage de belles courses aux JO
Julien, quel est ton programme pour les jours à venir ?
Je pars 1 semaine aux Pays Bas chez les rameurs du double qui préparent la qualif’, afin de me changer les idées, de changer d’espace et de récupérer mentalement des semaines de stress. Je vais me remettre tranquillement à l’entraînement, partager cette victoire avec tous mes proches et me tourner vers Pékin.
A tous les plus jeunes qui rêvent de devenir Champion de France, as-tu quelque chose à dire ?
Je pense qu’il faut qu’ils sachent que c’est toujours possible. C’est comme dans une course, jusqu’au dernier coup, il faut y croire. Mais il n’y a pas de secret. Il faut travailler. C’est chaque jour qu’on devient Champion de France et pas seulement le jour de la finale.
Ce sont des moments fabuleux qu’il faut savoir partager.
Un petit message à faire passer en particulier ?
Je voudrais juste remercier toutes les personnes qui sont venus me soutenir lors de ce Championnat, amis, famille, supporters,… . Cette victoire c’est aussi la vôtre. Un grand MERCI.
Et puis… Vous pouvez aussi suivre la suite de la saison sur mon blog : julienbahain.centerblog.net
Merci à toi Julien pour toutes ces réponses.
Je sais que les sollicitations vont aller grandissantes à l'approche des Jeux, alors merci pour ta disponibilité… Et bon vent vers Pékin !
A la veille des Championnats de France, je vous propose une petite interview sympa, réalisée par Jonathan COEFFIC en personne (en photo ci dessus)... Vice Champion du Monde en Quatre de couple l'an passé, Champion de France en skiff en 2006, Jo défendra lui aussi ce week-end, sa place dans le Quatre de couple pour les JO.
MAIS, une fois n'est pas coutume, aujourd'hui, c'est lui qui pose les questions... à Benjamin RONDEAU !
(Benjamin que vous pouvez retrouver également sur cet article : Benjamin Rondeau sur Carotte pour tous)
Jo : "Bien sûr Benj, s’il y a des questions auxquelles tu ne veux pas répondre, y a pas de soucis. Faut tout de même garder ses armes secrètes…
D’abord comment s’est passé votre stage ?"
"Je me sens très bien mentalement, nous avons bien bossé techniquement depuis le début de la saison avec Germain. J'étais un peu fatigué physiquement ces derniers jours, mais c’est normal, c’est le programme qui veut ça, je vais récupérer progressivement jusqu'aux premières courses."
"Votre objectif est certainement la victoire, mais vous êtes plusieurs bateaux à vouloir gagner : que peux-tu me dire sur tes « adversaires » ?"
"Une année olympique est toujours une année très difficile car tout le monde cherche à gagner ! Il faut donc se méfier de tous !"
"Comment vis-tu le fais d’être en concurrence avec des gars qui sont tes coéquipiers en équipe de France (tous bateaux confondus) ?"
"Je le vis bien, car je pense à mon principal objectif : être Champion Olympique. Alors plus j'irai vite en pair-oar (autre appellation du 2 sans barreur), mieux ce sera pour la suite de la saison en quatre sans barreur!"
"Comment comptes-tu aborder les premières courses ?"
"Nous sommes entraînés pour réaliser toutes les courses à fond. Je ne me poserai donc pas de question sur la première…"
"As-tu préparé spécifiquement ces championnats par rapport aux autres tests hivernaux, en terme de régime alimentaire par exemple ?"
"Non pas spécialement, pas de régime particulier, j’ai mangé de tout, en grande quantité !"
"Durant votre stage y a-t-il des « manœuvres psychologiques » entre les bateaux, afin de mettre la pression aux autres ?"
"Vois-tu les tests comme une compétition indépendante, ou simplement comme une étape sur le chemin des Jeux?"
"Est-ce un surplus de pression que ces championnats soient une étape de la sélection Olympique ?"
"Pense-tu qu’être à deux est un avantage ou un inconvénient pour gérer la pression ?"
"C’est ni un avantage, ni un inconvénient, la pression ce gère personnellement, chacun réagit différemment."
"Que vas-tu faire dimanche soir et la semaine prochaine ?"