Ce dimanche marquait ma reprise sur les trails longs après de longs mois d'absence, occupée à reposer mes articulations et à profiter de la montagne enneigée.
Après un rendez-vous manqué avec le sommet du Mont Ventoux l'année dernière, pour cause de conditions météo trop mauvaises, me voici de nouveau alignée sous l'arche de départ de Bédoin avec mes 10 coéquipiers du Team Garmin Adventure. Au programme 46km et 2600m de dénivelé, sur un terrain très technique et surtout très cassant. Le plateau féminin est très relevé : je croise Maud Gobert, Corine Favre, Irina Maléjonock, Sandra Martin, Maud Combarieu, Emilie Lecomte ou encore Ohiana Kortazar, une traileuse espagnole spécialiste des montées sèches. Bref du beau monde pour cette course comptant pour la National Trail Running Cup Salomon...
Photo Christophe Geloni
Quant à moi, ces derniers mois étant consacrés a la vie professionnelle plus qu'à l'entraînement, je me questionne sur mes capacités physiques du moment. Peu importe, je décide de la jouer aux sensations... Advienne que pourra !
Les 21km qui me conduisent au sommet du Ventoux se passent vraiment bien. Je prends du plaisir à crapahuter et à sentir mes jambes répondre aux sollicitations... Bon signe ! Je suis encore dans le coup malgré la fatigue générale physique et psychologique qui m'habite depuis plusieurs semaines.
Tant et si bien que je grapille des places jusqu'en haut jusqu'à pointer en 6ème position au sommet. La forme est là, je suis prête à relancer ! Mais je le sais pour l'avoir vécu, le trail du Ventoux est loin d'être fini au sommet ! C'est même là que tout commence vraiment... car après la longue descente du Chalet Reynard, il reste encore de nombreuses bosses, cassantes et parfois même perverses...
Malheureusement, à peine les premiers mètres de descente entamés, je suis prise de violentes crampes d'estomac qui m'obligent à ralentir le pas... La suite est une série de galères : ne pouvant pas m'alimenter, je sens l'hypoglycémie pointer le bout de son nez. Après une descente de 1000m au ralenti où je perds une place, j'atteins les premières combes au pied du Ventoux, combes qu'il faut traverser à coups de montées / descentes pendant plus de 20 km avant de rejoindre Bédoin. Il fait chaud... très chaud, bien trop chaud pour moi qui ne le supporte pas avec mes insolubles soucis de thermorégulation. Je n'avance plus. Je tente de tenir bon jusqu'au dernier ravitaillement mais le moral n'y est plus...trop de coups durs s'enchaînent. Je subis la course, je me demande pourquoi je m'obstine, je n'ai plus le gout de courir.
Finalement, à 15km de l'arrivée je dépose les armes et décide de finir en marchant. Un long périple jusqu'à Bédoin qui prend fin au bout de 6H20 de course... tête baissée je franchis la ligne en 13ème position, pleine de sentiments mitigés.
J'ai voulu m'aligner sur le parcours long alors que je savais parfaitement ne pas avoir la préparation suffisante, ni l'état de forme nécessaire pour encaisser les difficultés... Tanpis pour moi...
C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai voulu aller au bout quand même, histoire d'assumer mon choix !
La course étant finie, l'heure du bilan de début de saison a sonné :
- Pour faire du long, il faut courir...
- Pour tenir bon, il faut s'aguerrir, retrouver l'habitude de souffrir, aussi bien physiquement que phychologiquement.
- Pour réussir, il faut avoir l'esprit libre, détaché des soucis du quotidien... sans tout cela, rien de sert de s'aligner avec un dossard.... Je le savais déjà mais j'ai quand même voulu tenter, la fleur au fusil... erreur de débutante !! A moi de retrouver un emploi du temps "normal" avec des créneaux pour faire du sport et d'autres pour me reposer ...
A très bientôt donc pour des compte-rendus de course plus joyeux !!